Essais de rayons X appliqués à l’authentification des pierres précieuses

À la fin de l’année 1897, la Société industrielle de Mulhouse reçoit une planche cartonnée de grand format (29,5 x 35,5 cm) sur laquelle se trouve la démonstration d’une toute récente découverte : les rayons X. Réalisée moins de deux ans après la découverte des rayons X, elle illustre, comme bien d’autres documents de la Bibliothèque de l’université et de la Société industrielle de Mulhouse (BUSIM), l’extraordinaire curiosité des membres de la SIM et leur capacité à se procurer et s’approprier des plus récentes découvertes de leur temps.

La planche en question confronte et commente l’utilisation de la photographie « ordinaire » et de la photographie « aux rayons X » comme un moyen de distinguer les pierres précieuses de leurs imitations. Elle montre que si les imitations produisent à l’œil nu un effet similaire aux vraies pierres, les vraies et les fausses pierres absorbent différemment les rayons X et peuvent ainsi être départies. Les rayons X sont toujours utilisés aujourd’hui dans le milieu de la joaillerie pour l’authentification des pierres précieuses.

Les conditions de cette expérience et de la réalisation de cette planche ne sont pas claires. L’enveloppe dans laquelle est contenu le document, conforme au format particulier de la planche et datée du 1er décembre 1897, dit qu’il s’agit d’un « don de M. Léon Stoecklin ». La planche elle-même, datée du 1er novembre 1897, est signée « L. Stoecklin » et présente en caractères imprimés dorés sur le support cartonné la mention « L. Stoecklin   Chimiste   Mulhouse (Alsace) ». L. Stoecklin est-il Léon Stoecklin ? Rien n’est moins sûr. L’auteur de la planche serait plus probablement Louis Stoecklin, chimiste, propriétaire d’un laboratoire de chimie à Mulhouse et membre de la SIM au sein du comité de chimie.

Découverts par le physicien allemand Wilhelm Conrad Röntgen en 1895, les rayons X ont rencontré une immédiate reconnaissance auprès de la communauté scientifique à l’échelle internationale. Présentée en 1896, la découverte de Röntgen a notamment inspiré les travaux d’Henri Becquerel, Ernest Rutherford et Marie Curie, qui ont posé les bases de la physique nucléaire et de la radioactivité.

L’indication manuscrite d’un numéro d’ordre sur la planche « N° 553 », de la même plume que les commentaires apportés aux photographies, laisse penser que le document signé « L. Stoecklin » est issu d’une série de travaux soit identiques soit relatifs à la même thématique, potentiellement présents dans d’autres collections. L’identification de tels documents permettrait sûrement d’apporter davantage d’éléments sur l’exemplaire aujourd’hui conservé à la BUSIM, ainsi que sur la diffusion de la découverte de Röntgen et ses premières applications.

 

Autrice : Alissar Levy
Date du corpus présenté : 1897
Lieu de conservation : Service commun Learning Center de l'Université de Haute-Alsace
BUSIM, P 775