Société de la manufacture d’indiennes Albert Hubner à Moscou. Album de la fabrique

Cet album se compose de 36 photographies de Scherer-Nabholz & Cie, photographe à Moscou, avec des titres en français et en russe à l’exclusion de tout autre texte et même de date d’édition. Les vues se partagent en trois catégories : 15 sont des portraits individuels ou collectifs, notamment pour les différentes catégories de personnel classées par niveaux hiérarchiques, fonctions et nationalités (« étrangers » et Russes) ; 14 montrent l’intérieur de l’usine, dont le laboratoire, sans aucune présence humaine sauf pour l’une d’entre elles ; 5 sont des vues d’extérieur de l’usine, de la maison du directeur et des logements des ouvriers ; 2 enfin représentent des scènes particulières, la prière publique et une partie de campagne en famille.

Cet album est entré dans les collections de la BUSIM par don de Marcel Orbec « en souvenir de M. Eugène Sifferlen (1846-1909) qui lui a remplacé son père, juillet 1962 ». Eugène Sifferlen était un des directeurs de la manufacture. Albert Hubner, né en 1815, est le fils de Joseph Hubner, dessinateur, et de Catherine Laederich. Son frère cadet, Emile (1821-1888) est l’inventeur en 1851 de la peigneuse de laine Hubner qui remplaça la peigneuse Heilmann. Placé d’abord comme apprenti chez un pharmacien de Mulhouse, Albert décide finalement de partir, traverse l’Allemagne et arrive à Moscou en 1844 où il fonde deux ans plus tard, en 1846, une manufacture d’indiennes dans le quartier de la Taganka. Il produit des foulards imprimés à la main et des mousselines de laine. En 1853, il transfère l’essentiel de sa production dans le quartier Khamovnitcheski et installe dans une ancienne usine six machines à imprimer.

Seul propriétaire jusqu’en 1871 avec un personnel technique entièrement français, il ouvre alors le capital à des actionnaires russes en créant une société par actions dont il ne détient plus qu’un tiers. En 1882, la production atteint 100 000 pièces par mois en coton, laine ou soie. Albert Hubner, de santé fragile, se retire à Paris, confie la direction de la société à son gendre, l’ingénieur Ferdinand Caillet, et meurt le 16 septembre 1890 dans son château d’Ebenrain, acquis en 1872, à Sissach (canton de Bâle-campagne). À partir de 1891, l’entreprise ouvre des entrepôts à Pétersbourg, Odessa, Tachkent, Boukhara, Kharbin et Tien-Tsin. Elle occupe 1 600 ouvriers en 1908. Elle est modernisée en 1913 sous l’impulsion de son actionnaire principal, Vtorov, mais la guerre interrompt ce processus et Vtorov est assassiné en 1918. Nationalisée en 1921, elle ne reprend la production qu’en 1925.

Les archives historiques centrales de Moscou conservent sous la cote 506 le fonds de la manufacture Hubner (1861-1919) et, sous d’autres cotes, de nombreux documents issus de diverses tutelles administratives. À noter également que Jacques Hartmann-Liebach rend visite à la manufacture Hubner lors de son séjour à Moscou relaté dans Voyage dans le nord et l’est de l’Europe raconté à ses neveux et nièces, Mulhouse, Bader, 1870, p. 226-227.

 

Service Commun de Documentation de l'université Haute-Alsace - BUSIM
Société de la manufacture d’indiennes Albert Hubner à Moscou. Album de la fabrique, GF 3727