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détail enluminure mystique rhénane
Un des courants les plus forts de la mystique chrétienne s’est développé au 14e siècle en Alsace, dans la vallée du Rhin, et plus particulièrement à Strasbourg : la Mystique rhénane. Ses plus grands représentants, Maître Eckhart, Jean Tauler, Henri Suso (Heinrich Seuse) et Rulmann Merswin s’y sont côtoyés.

Ce mouvement qui essaima ensuite en Europe y eut pour ainsi dire l’un de ses quartiers généraux à la Commanderie des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dans l’Île verte. La bibliothèque qui s’y trouvait devait contenir bien des merveilles, mais hélas il n’en reste que peu d’éléments épars. La Bibliothèque nationale et universitaire a cependant réussi à rassembler ces documents et à reconstituer une partie de cette collection.

La diversité des types de textes rencontrés pourra surprendre : outre les sermons, les traités de théologie et les exercices spirituels, y figurent également une autobiographie mystique, des récits de visions, des œuvres de fiction ésotérique, un obituaire et un mémorial de la commanderie, des informations détaillées sur la vie dans les couvents dominicains de la région, et même un « ménage spirituel ».

L’alémanique pratiqué à Strasbourg et aux alentours, ancêtre de l’alsacien, y remplace le latin. Les écritures très diverses permettent des exercices de lecture variés. L’enluminure y trouve également une place, modeste par son absence de faste, mais très significative car la Mystique rhénane s’est interrogée en profondeur sur le sens de l’image.

Ces manuscrits, avec une xylographie (ci-contre) et une édition incunable qui y ont été jointes, datent tous des 14e et 15e siècles, à l’exception de deux copies de manuscrits disparus, réalisées par un érudit strasbourgeois avant leur perte en 1870.

À l’origine, ce fonds a été numérisé grâce à un mécénat de la Fondation Singer Polignac. Il est susceptible de s’étendre en incluant de nouvelles acquisitions ou de nouvelles découvertes.