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Femme allongée
Ces vingt-huit dessins proviennent des collections de l’ancien Musée des Beaux-Arts de Mulhouse, alors administré par la Société industrielle de Mulhouse : mis à l’abri des bombardements de la seconde guerre mondiale avec les pièces les plus précieuses du musée, la collection d’environ 180 dessins du XVIe à la fin du XIXe, achetés en leur temps par les industriels mulhousiens ou offerts à la Société Industrielle par certains artistes, ne fut retrouvée qu’au début des années soixante-dix. C’est ainsi que cette collection fut confiée à la Bibliothèque municipale, qui avait déjà accueilli quelques années auparavant la riche collection d’estampes de la Société Industrielle.

Au sein de cette collection, tous les dessins attribués à J.-J. Henner portent le cachet d’atelier J.J. HENNER indiquant leur provenance, mais non leur mode d’entrée dans les collections mulhousiennes. On peut en rechercher la trace en croisant les catalogues du Musée des Beaux-Arts de Mulhouse et le précieux Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse. En 1905, année de la mort de l’artiste, on peut lire que « MM. Jules Henner et Wetzel nous destinent deux toiles et quelques dessins, provenant de l'atelier de Henner, à Bernwiller ».

La collection de la Bibliothèque municipale de Mulhouse offre une diversité caractéristique de l’art du dessin chez Henner : pour commencer, une diversité de sujets (femmes, nymphes, baigneuses, portraits, paysages), ainsi qu’une diversité d’usage (du croquis rapide esquissé au fusain jusqu’aux études précises au crayon sur calque). Mais également une diversité des supports, que l’on peut ranger selon trois catégories : on trouve tout d’abord des papiers à dessin, du vélin le plus souvent mais aussi du vergé (dont le filigrane, figuratif ou uniquement typographique, signe la production du papetier).
Les calques, ou papiers transparents, sont un autre support régulièrement utilisé par Henner au profit de dessins préparatoires au crayon ou, à l’inverse, d’études réalisées d’après certains tableaux, pour en réaliser une réplique ou bien une variante.

Enfin, les papiers de réemploi voire de récupération forment une troisième catégorie représentée parmi les dessins de la Bibliothèque, et témoignent de la vigueur avec laquelle Henner croquait au quotidien, offrant parfois deux croquis juxtaposés voire même sur les deux faces du support. On signalera notamment la série de croquis et dessins réalisés sur des papiers d’emballage, comme cette étude pour Nymphe couchée (1896) au dos de laquelle demeure un morceau d’étiquette imprimée. Mais le plus singulier réside sans conteste dans l’ensemble de trois croquis réalisés sur papier de verre, comme ce croquis au fusain de femme à demi nue, debout, à l’antique évoquant La Nymphe (1901), mais surtout cette intéressante paire de croquis de flûtistes, figures d’Idylle (1872) ou d’Eglogue (1879), dessinés au fusain, à la sanguine et à la craie blanche sur le côté non-abrasif de morceaux de papier de verre. Le musée Henner ne conserve que quelques exemplaires de ce type de support insolite.

Signalons enfin dans la riche collection d’estampes de la Bibliothèque de Mulhouse, un certain nombre d’estampes d’après des œuvres de J.-J. Henner (gravures sur bois, eau-forte, héliogravures, ou encore photogravures du mulhousien Adolphe Braun), preuve que les dessins de J.-J. Henner ont pu susciter l’intérêt de ses contemporains.