Graveuse, illustratrice, enseignante et conservatrice de musée… Autant de facettes qui fondent la personnalité de cette femme née le 13 mai 1873 à Jægerthal (localité au nord-est de Niederbronn-les-Bains dans les Vosges du Nord), dans un contexte historique, politique et culturel singulier.
La guerre franco-prussienne de 1870, marquée par des combats particulièrement destructeurs, s’achève par la défaite de la France. L’Alsace est annexée à l’Empire allemand et Strasbourg devient capitale capitale du Reichsland Elsaß Lothringen en 1871. L’Alsace entre alors dans une période qui la marquera profondément.
À partir de 1880, la ville de Strasbourg connaît une évolution culturelle majeure : inauguration d’une université nouvelle et ambitieuse, constitution de collections muséales remarquables, création d’une École des arts décoratifs (Kunstgewerbeschule) et d’une bibliothèque impériale ainsi que le lancement de vastes chantiers qui vont donner à la ville une dimension architecturale et urbaine nouvelle.
Aussi dans ce nouveau paysage politique, fondateur de transformations importantes, le domaine des arts et plus particulièrement des arts appliqués connaît une expansion éminente à partir des années 1890, marquée par la pluralité culturelle de cette époque.
C’est donc dans ce contexte culturel et artistique que Sabine Hackenschmidt fait ses débuts en 1892 en tant que professeure de dessin au couvent du Bon-Pasteur à Strasbourg. Elle y restera jusqu’en 1902 avant d’enseigner à l’École normale entre 1905 et 1913. À cette même période, elle est élève de Lothar von Seebach (1853-1930). De 1902 à 1904, Sabine Hackenschmidt approfondit son apprentissage et son instruction à la Malerinnenschule (École féminine de peinture) de Karlsruhe où elle est alors l’élève de Walter Conz (1872-1947).
Cette artiste se consacre essentiellement à la pratique du dessin, à la gravure sur bois et à l’eau-forte, et réalise quelques peintures sur toile. Certaines de ses œuvres ornent le casino de Merkwiller-Pechelbronn.
Elle a aussi illustré le Calendrier alsacien de 1912 à 1914. Des séries analogues de calendriers illustrés de lithographies d’artistes furent imprimées dans les années 20 et 30, principalement par Henri Solveen (1891-1956).
Par ailleurs, de nombreuses vues reprises de ces calendriers apparaissent dans Souvenirs d’Alsace, un album paru en 1919.
De 1913 à 1938, Sabine Hackenschmidt occupe les fonctions d’assistante des musées, responsable du cabinet des Estampes de Strasbourg, sous l’administration d’Ernst Polaczek (1870-1939) jusqu’en 1918, puis celle de Hans Haug (1890-1965).
À l’opposé de ces créations artistiques, Sabine Hackenschmidt y développe dès 1913 une collection de gravures contemporaines plus avant-gardistes.
Discrète mais néanmoins active, authentique médiatrice des arts dans les musées strasbourgeois, elle fait découvrir à Max Beckmann (1884-1950) alors de passage à Strasbourg en 1915 les riches collections de gravures germaniques de la Renaissance. Évocation décisive et mémorable de cette rencontre pour Max Beckmann ? Il réalisera par la suite plusieurs portraits de Sabine Hackenschmidt.
Au même titre, son engagement pour la modernité se caractérise dans l’organisation d’expositions d’artistes contemporains. En 1931, Hans Haug lui confie la réalisation et l’organisation de la première exposition rétrospective consacrée à Joseph Sattler (1867-1931).
Sabine Hackenschmidt décède le 6 juin 1939 à Strasbourg, un an après son départ à la retraite.
Auteur : Anne-Sophie CHIFFLOT (Bnu – Service de l’Iconographie)
Pour aller plus loin, une bibliographie est disponible en ligne.