Ces notes se trouvent dans un dossier d’archives concernant le monument Lambert (ou colonne Lambert). Ce monument a été édifié en 1828 à proximité de la maison natale du scientifique Jean Henri Lambert (1728-1777) pour célébrer le centenaire de sa naissance à Mulhouse. Ce dossier est constitué de nombreux documents datant de 1827 à 1829 (correspondance, notes biographiques, dessins de la colonne…) concernant le projet de monument, son financement, sa construction, la cérémonie d’inauguration… Outre des éléments biographiques concernant ce savant, ont été aussi rassemblés quelques courriers (1758-1759) et des notes (vers 1760) de Jean Henri Lambert lui-même, documents dont on ne connaît pas l’origine.
Ces notes, constituées d’une vingtaine de feuillets regroupées dans une petite chemise portant l’inscription "Ad gnomon", sont principalement en latin et comportent de nombreuses formules mathématiques et dessins de sphères. L’objet de ces travaux est difficilement identifiable pour un non-spécialiste et seule l’inscription nous donne des indications : en géométrie et en cartographie, la projection gnomonique est un type de projection azimutale transformant les grands cercles en lignes droites. Il se trouve que Lambert a conçu une autre méthode de projection, dite la "projection azimutale équivalente de Lambert".
Célèbre mathématicien, physicien, astronome et philosophe, Jean Henri Lambert, né à Mulhouse en 1728, vient d’une famille huguenote originaire de Wallonie, implantée à Mulhouse depuis un siècle. Fils d’un modeste tailleur, le jeune Lambert put devenir, malgré sa scolarité rudimentaire, copiste à la chancellerie de Mulhouse. Deux faits sûrs marquèrent ensuite son adolescence alsacienne : d’une part la comète singulière, à six queues, et extraordinairement brillante du début 1744 qui fut à l’origine de sa vocation en cosmologie ; d’autre part, son séjour comme employé dans une forge du Sundgau (1744-1746), où il vécut sa première initiation technologique et "pyrométrique". Vers 1746 commence l’expatriation pratiquement définitive de Lambert (il ne reviendra plus à Mulhouse que pour quelques mois en 1759).
Après un séjour d’environ deux ans à Bâle comme secrétaire d’un juriste, il devient précepteur dans une riche famille en Suisse de 1748 à 1756 ; avec ses élèves, il fait un tour de l’Europe de deux ans (1756-1758), s’arrêtant surtout dans les villes universitaires célèbres (Göttingen, Utrecht, Paris, Amsterdam, Marseille, Nice, Turin). Fin 1759, sa carrière académique commence en Allemagne, à Munich. De 1765 à sa mort en 1777, il fut à Berlin membre de l’Académie des Sciences.
Esprit universel qui a laissé une œuvre dans des domaines aussi variés que la musique, la littérature, la religion, la philosophie, Jean Henri Lambert est une des figures marquantes de "l’Aufklärung", la philosophie des Lumières en Allemagne, avec ses travaux scientifiques en astronomie, cosmologie, physique, mathématiques, météorologie et cartographie.
Auteure : Eliane Michelon
Date d'édition : 1760
Lieu de conservation : Archives de Mulhouse - MIQ
Bibliographie :
- Encyclopédie de l’Alsace, vol. 8, 1984, p. 4605
- Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne, tome n°22 Koe à Lag, 1994, p. 2184.