Daniel Koechlin (1785-1871), un chimiste mulhousien au XIXe siècle

Né à Mulhouse le 6 novembre 1785, Daniel Koechlin est le petit-fils de Samuel Koechlin, l’un des fondateurs de la première industrie textile à Mulhouse, secteur grâce auquel la ville connaît une importante prospérité économique. Il est également le frère de Nicolas Koechlin, entrepreneur de renom à la tête de la principale industrie textile du Haut-Rhin.

Daniel Koechlin est lui-même membre fondateur de la Société industrielle de Mulhouse et l’un des principaux acteurs de l’industrie chimique mulhousienne au début du XIXe siècle.

Formation

Daniel Koechlin voyage pour ses études, comme il est d'usage dans le milieu commerçant mulhousien. Achille Penot, membre de la Société industrielle de Mulhouse, rapporte qu’il avait suivi dès l’âge de 15 ans à Paris les cours d’Antoine-François Fourcroy, chimiste et homme politique sous la Révolution, ayant notamment joué un rôle important dans la réforme de l’instruction publique.

Parallèlement, il travaille dans une manufacture du faubourg Saint-Marceau. Le quartier est réputé à l’époque pour être particulièrement insalubre, mais il héberge la manufacture tapissière la plus prestigieuse de France : les Gobelins.

À son retour à Mulhouse, Daniel Koechlin travaille dans l’entreprise de son frère, Nicolas Koechlin & Frères, consacrée à la fabrication d’indienneries, c’est-à-dire de tissus peints ou imprimés.

Contribution

Le développement du secteur textile dépend en grande partie de celui de la chimie pour la fabrication des couleurs et leur application sur les tissus. Daniel Koechlin fait plusieurs découvertes relatives à l’application des couleurs à une échelle industrielle. Il influence ainsi durablement la production de tissus en Europe par la qualité de ses procédés et l’esthétique des rendus.

Parmi ses principales réalisations, il parvient à teindre des toiles en rouge d’Andrinople ou rouge turc, une couleur connue et recherchée pour son éclat mais difficile à employer. Ses résultats sont présentés en 1819 à l’Exposition des produits de l’Industrie française à Paris et remportent pour Nicolas Koechlin & Frères une médaille d’or.

La même année, il est reçu à la Légion d’honneur pour ses travaux sur le jaune de chrome, permettant d’enluminer des tissus.

Transmission

Daniel Koechlin fait partie des vingt-deux jeunes mulhousiens décidés à œuvrer pour le progrès de l’industrie. En 1826, il participe à la création de la Société industrielle de Mulhouse, qui se donne pour objectif de faciliter la communication des travaux relatifs aux plus récentes découvertes et avancées.

La même année, il fonde avec Achille Penot (représenté ci-après) le Comité de chimie de la SIM, dédié en grande partie à la recherche sur les colorants. La chimie occupe ainsi la part belle dans le fonds documentaire des industriels mulhousiens, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque de l'université et de la SIM (BUSIM).

Daniel Koechlin est enfin l’un des initiateurs de la plus ancienne école de chimie en France. Fondée en 1822, et ayant pour l'un de ses premiers directeurs Achille Penot, elle est destinée à former sur Mulhouse-même des chimistes dans le domaine de l'industrie des colorants. Devenue l'École nationale supérieure de chimie de Mulhouse, elle est toujours en activité aujourd'hui.

Documents présentés
Filature de Nicolas Koechlin & Frères (BX 243)
Portrait de Daniel Koechlin (P 265)
Portrait d'Achille Penot (P 234)

Lieu de conservation
Université de Haute-Alsace, Bibliothèque de l'université et de la SIM

D'après Achille Penot, "Notice sur M. Daniel Koechlin", Bulletin de la société industrielle de Mulhouse, 1871, p. 237-262.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9629332m/f269.item