18 vues du Palais Universitaire de Strasbourg l'année de son achèvement

La refondation de l’Université de Strasbourg, après le traité de Francfort et l’annexion de l’Alsace-Moselle à l’Empire allemand (1871), a répondu à la volonté de créer une institution prestigieuse, vitrine de la science allemande. Des moyens considérables ont été consacrés au projet. Ils ont permis de fonder des instituts richement dotés, dirigés par des chercheurs qui, dans leurs domaines respectifs, ont souvent fait autorité à l’époque. La dimension architecturale n’a pas été oubliée non plus. Durant le dernier quart du 19e siècle, des bâtiments monumentaux ont été construits à la périphérie du centre historique, dans le quartier de la Neustadt, qui s’est développé et a connu son essor à cette période. L’objectif était clairement d’ancrer l’université dans le paysage urbain, en lui donnant une visibilité correspondant à son statut et à son prestige.

Le Palais universitaire de Strasbourg (Das Kollegien-Gebäude des Kaiser Wilhelms-Universität zu Strassburg) constitue sans nul doute la réalisation la plus emblématique de ce programme, qui comprend aussi l’ensemble du campus historique, ainsi que la Kaiserliche Universitäts- und Landesbibliothek zu Strassburg (actuelle BNU), installée depuis 1895 sur la Kaiserplatz (aujourd’hui place de la République), en face du Palais impérial (actuel Palais du Rhin). Le Palais Universitaire, pour sa part, se situe au bout d’un axe qui le relie directement au Palais impérial, dans une volonté évidente de montrer le lien politique étroit existant entre les deux édifices et les formes de pouvoir qu’ils représentent.

La construction du Palais universitaire a été confiée à l’architecte Otto Warth (1845-1918), qui était alors professeur d’architecture à l’institut de technologie de Karlsruhe. Elle a débuté en 1879 et s’est achevée en 1884.

Le document présenté ici est constitué de 18 planches en noir et blanc comportant les plans de l’édifice (2 planches : plan général du rez-de-chaussée et plan général du premier étage), ainsi que des photographies de l’intérieur et de l’extérieur du bâtiment (16 planches). Publié à Kehl, ce portfolio ne comporte pas de date d’édition, mais les photographies sont postérieures à l’achèvement du bâtiment. D’autre part, l’exemplaire conservé à la bibliothèque des arts appartenait à Adolf Michaelis, directeur de l’institut d’archéologie classique de Strasbourg, et comporte sur la page de titre une dédicace manuscrite d’Otto Warth lui-même, datée du 5 octobre 1885. La publication des planches suit donc de près la fin des travaux.

L’ensemble est destiné à faire connaître le bâtiment et son architecte. Il s’agit moins de donner une vision exhaustive du Palais universitaire que d’en proposer un aperçu soulignant ses qualités esthétiques et architecturales. Les façades néo-renaissance sont bien documentées (5 planches), mais ce sont de loin les espaces intérieurs qui sont le plus représentés (11 planches). Les photographies permettent notamment de se rendre compte de l’état originel des coupoles, murs et plafonds (planches 6 et 10 : présence de décors peints aujourd’hui recouverts, sauf à quelques endroits du rez-de-chaussée), mais aussi d’un certain nombre d’autres pièces, comme la salle de lecture (planche 18). La présence d’un portrait en pied de l’empereur Guillaume Ier au fond de l’Aula (actuelle salle Pasteur) rappelle le rôle joué par le pouvoir impérial dans la recréation de l’université (planche 16).

Enfin, détail anecdotique mais qui fait partie de l’histoire des collections et participe du charme des documents patrimoniaux, une carte de visite d’Otto Warth figure dans l’exemplaire conservé à la bibliothèque des arts, avec, au verso, quelques lignes adressées à Michaelis.

 

Titre : Das Kollegien-Gebäude der Kaiser Wilhelms-Universität zu Strassburg

Auteur : Otto Warth

Année : 1885

Auteur du trésor du mois : Nicolas Di Méo

Lieu de conservation : Université de Strasbourg – service des bibliothèques – bibliothèque des arts